CHEIKH ANTA DIOP: Le pharaon noir, un des pères de l’afrocentrisme

Né le 29 décembre 1923 à Thieytou, dans le département de Bambey, région de Diourbel (Sénégal). Sa famille est d’origine aristocratique wolof . À l’âge de 23 ans, il part pour Paris afin d’étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l’histoire et les sciences sociales.

Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie. Il adopte un point de vue spécifiquement noir africain face à la vision de certains auteurs de l’époque selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.

En 1951, Diop prépare, sous la direction de Marcel Griaule [réf. nécessaire], une thèse de doctorat à l’Université de Paris, dans laquelle il affirme que l’Égypte antique était peuplée d’Africains noirs, et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l’Afrique de l’Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury mais, d’après Doué Gnonsoa, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d’un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960 .Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d’approche.

Carrière universitaire

Lorsqu’il obtient son doctorat ès lettres en 1960, il revient au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l’université de Dakar (depuis rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, UCAD). Il y obtient en 1981 le titre de professeur. Il faut souligner qu’il fut un homme de bibliothèque et non de terrain ; en dehors des datations au radiocarbone qu’il pratiquait dans son laboratoire de l’IFAN à Dakar, fondé à l’instigation de Théodore Monod, il ne manipulait pas les outils du préhistorien ou du paléontologiste (fouille archéologique par exemple) et n’est, à ce titre, l’auteur d’aucune découverte originale. Toute sa réflexion s’appuyait sur son interprétation des trouvailles publiées dans la littérature, sur des textes et une iconographie connus de tous [réf. nécessaire]. Il y effectue des tests de mélaninesur des échantillons de peau de momieségyptiennes (technique sans aucune fiabilité scientifique), [réf. nécessaire] dont l’interprétation permettrait, selon Diop, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Égyptiens.

Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique international qui dirige, dans le cadre de l’UNESCO, l’élaboration de l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), un projet éditorial ambitieux qui compte huit volumes. Pour la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire, où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux.

Sa participation attendue déçoit l’assemblée, qui note dans le compte rendu que l’intervention n’a permis que de mettre en lumière le manque de recherches sérieuses sur l’histoire de l’Afrique. À la suite de ce colloque international, Diop rédige un chapitre sur « L’origine des anciens Égyptiens », et G. Mokhtar, professeur à l’université du Caire, rédige le chapitre sur « L’Égypte pharaonique ».

À la suite du chapitre 1, est publié un compte-rendu des débats lors du colloque. Et il est précisé que « de nombreuses objections ont été faites aux propositions du professeur Diop ; elles révèlent l’étendue d’un désaccord qui est demeuré profond ». Si, pour le professeur en sciences sociales Jean Vercoutter, « l’Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser », la communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l’Égypte ancienne.

Un intellectuel engagé

Par ailleurs, dès 1947, Diop s’est engagé politiquement en faveur de l’indépendance des pays africains et de la constitution d’un État fédéral en Afrique. « Jusqu’en 1960, il lutte pour l’indépendance de l’Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France.

Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain (RDA) et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l’Afrique noire, l’Union française, qui, « quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Les fondements économiques et culturels d’un futur État fédéral en Afrique noire. »

Selon Doué Gnonsoa, Diop devient l’un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il anime l’opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques (le FNS en 1961, le RND en 1976), d’un journal d’opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d’un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la négritude serait l’un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire.

Laboratoire de radiocarbone de l’IFAN

C’est en 1961 que Cheikh Anta Diop entreprend de créer un laboratoire de datation par le carbone 14 (radiocarbone) à l’IFAN de Dakar qui, à l’époque, est sous la direction de Théodore Monod.


Œuvres

  • Nations nègres et culture : de l’Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui, 1954,  .
  • L’Unité culturelle de l’Afrique noire, 1959, 
  • L’Antiquité africaine par l’image, Paris, Présence africaine  .
  • L’Afrique noire précoloniale. Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique noire de l’Antiquité à la formation des États modernes  .
  • Les Fondements culturels, techniques et industriels d’un futur État fédéral d’Afrique noire, 1960 ; réédité par Présence africaine sous le titre Les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique Noire, 2000.
  • Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967.
  • Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines, Dakar-Abidjan, Nouvelles éditions africaines, 1977
  • Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence africaine, 1981,  .
  • Nouvelles recherches sur l’égyptien ancien et les langues africaines modernes, Paris, Présence africaine, 1988 (ouvrage posthume).

Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obengaet Asante Kete Molefe, il est considéré comme l’un des inspirateurs du courant épistémologique de l’afrocentricité. En 1966, lors du premier Festival mondial des arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme « l’auteur africain qui a exercé le plus d’influence sur le xxe siècle».

Un message de l’auteur de ce poème ci-dessus qui est un fils spirituel mais aussi il est connu pour son amour et sa loyauté envers ce temple du savoir.

« En ce jour du 07 février 1986 , le rappel à Dieu du Pr Cheikh Anta Diop. Prier pour lui car toute les séparations sont douloureuses même les plus souhaitées, une vie courte mais bien remplie hélas. »

Me MOR GUEYE

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